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27/06/2012

Critique DVD / L'Artiste



L’ARTISTE de Michel Hazanavicius, l’homme derrière OSS 117, a frappé un grand coup au derniers Oscars avec 5 statuettes dorées dont celle du meilleur film. Fort heureusement, le film est à la hauteur de sa gloire! Le réalisateur français prouve encore une fois son immense sensibilité à saisir les caractéristiques d’un genre cinématographique passé voir oublié.

Jean Dujardin mérite amplement son Oscar du meilleur acteur dans son rôle de George Valentin, véritable vedette du cinéma muet. Ah oui, le film est muet et en noir et blanc! À l’apogée de sa carrière, il rencontre Peppy, une jolie femme fanatique qui deviendra actrice de soutien pour plusieurs petites productions à la fin des années 1920. Tout s’écroule lors de l’arrivée du cinéma parlant, qui signifie la montée de l’opportuniste Peppy Miller et la fin du stardom de George Valentin refusant de s’adapter à la réalité d’une industrie en ébullition. On a presque une impression de SUNSET BOULEVARD…

L’ARTISTE est un réel retour en arrière. Puisque c’est un film muet qui traite de la fin du film muet, le concept renforce la structure narrative. Même durant les premiers balbutiements du cinéma parlé, le film reste muet, preuve du point de vue du personnage de Jean Dujardin. Hazanavicius est très habile pour repérer les subtilités des films d’antan. Par exemple, la vitesse de projection est accélérée tout comme celle du cinéma muet, donc les mouvements des acteurs sont plus rapides, leurs donnant une présence particulière... Vous n’avez qu’à vous souvenir des films de Chaplin! Aussi, la façon dont les plans sont filmés et enchaînés témoigne d’une excellente recherche de style pour imiter la réalisation de l’époque. On n’a utilisé aucun zoom pour concorder avec la technologie de l’époque. L’utilisation de cartons noirs pour les dialogues ajoute aussi beaucoup au charme au réalisme recherché de L’ARTISTE. Il s’agit d’un bel hommage à une époque glorieuse du 7e art très bien interprété par une distribution juste assez stéréotypée et bien garnie avec des  James Cromwell, John Goodman et Bérénice Béjo. (À noter : La reprise de la scène du déjeuner de CITIZEN KANE d’Orson Welles.)

Mais rien de tout cela n’aurait le même impact sans la musique de Ludovic Bource qui supporte à merveille le meilleur film de l’année selon l’académie. La musique d’un film muet est une partie intégrale de son langage. Elle a comme fonction de communiquer les tensions, les émotions, les intrigues, ce que les mots ne peuvent dire. Ludovic Bource parvient efficacement à recréer une trame sonore très fidèle tout en la parsemant d’hommages aux films fondateurs comme Vertigo d’Alfred Hitchcock notamment.

L’ARTISTE mélange humour et drame avec brio et rend cet œuvre encore plus mémorable et charmante. Beaucoup de scènes sont simplement flamboyantes comme l’incendie, le cauchemar, le duo de danse et la finale à couper le souffle, littéralement. Parlant de la finale, Michel Hazanavicius a été très audacieux et on a vraiment l’impression de retrouver sa respiration à ce moment du film. C’est une étrange, mais ô combien plaisante sensation, vous verrez! L'ARTISTE donne envie de dépoussiérer quelques classiques, ceux qu'on écoutait quand la vie était en noir et blanc.

Aux derniers Oscars, on a encensé L’ARTISTE et HUGO, deux longs métrages qui traitent des débuts du cinéma. Deux films qui nous rappellent les origines de cet art qui en a vécu des péripéties et des déboires. C’est un message très clair qui est envoyé aux spectateurs et à l’industrie qui ne prêchent que par la troisième dimension, les écrans verts, les reprises et les gros budgets.

KM.

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